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Mythologie
 
 

 

 

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Les York et la guerre des Deux Roses (XV° siècle)

CHAPITRE PREMIER : La guerre des Deux Roses

(1453 - 1471)

 

III : Edouard IV au pouvoir (1461 à 1483)

           

            1° Lutte contre les derniers partisans des Lancastre – En juin 1461, Edouard IV fut acclamé par ses partisans lorsqu’il rentra à Londres afin de se faire couronner roi d’Angleterre. Cependant, bien qu’ayant finalement réussi à monter sur le trône, le nouveau souverain ne contrôlait pas encore la totalité de l’île. En effet, de nombreux partisans des Lancastre (dont la puissante famille des Percy.), réfugiés près de la frontière écossaise, n’avaient pas fait soumission au souverain anglais.

De ce fait, Edouard IV décida de prendre les armes afin de rétablir l’ordre dans le pays.

En quelques années, le nouveau roi d’Angleterre parvint à s’emparer de plusieurs forteresses aux mains des partisans des Lancastre, poussant l’ennemi dans ses derniers retranchements.

En avril et en mai 1464, les batailles d’Hedgeley Moor et d’Hexham mirent fin à l’insurection. En effet, John Neville, marquis de Montaigu (le frère de Warwick.), parvint à l’emporter sur les troupes d’Henri Beaufort, duc de Somerset (ce dernier fut alors exécuté peu après la bataille d’Hexham.).

Henri VI, quant à lui, fut capturé par les troupes royales alors qu’il tentait d’organiser la résistance lancastrienne dans le nord de l’Angleterre et au Pays de Galles. Le roi déchu fut alors emprisonné à la tour de Londres. Son épouse Marguerite et leur fils le prince de Galles, quant à eux, furent contraints de se réfugier en France.

Enfin, la dernière place forte prise par les troupes d’Edouard IV fut la forteresse d’Harlech, au Pays de Galles (1468.).

La forteresse de Harlech.

 

2° La volte face de Warwick – En 1469, malgré la victoire d’Edouard IV face aux partisans des Lancastre, les évènements prirent une tournure imprévue.

 

a) Les causes de la trahison de Warwick : depuis quelques années, les relations entre Warwick et le roi d’Angleterre s’étaient dégradées. En effet, le premier était partisan d’une alliance avec la France, insistant afin que le roi épouse une princesse française ; le second préférait s’allier avec la Bourgogne[1], épousant Elizabeth Woodville en 1464.

Charles le Téméraire, duc de Bourgogne, musée de Berlin.

La jeune femme, fille de Richard Woodville, comte de Rivers, était issue d’une famille de la petite noblesse.

Le mariage ayant été célébré en secret et à l’insu de Warwick, ce dernier n’apprécia guère la nouvelle lorsque l’évènement fut rendu public. En outre, les Woodville ne tardèrent guère à faire de l’ombre au faiseur de rois.

En outre, Edouard IV donna sa sœur Marguerite en mariage à Charles le Téméraire, duc de Bourgogne et farouche adversaire du roi de France (juillet 1468.) ; et décida d’interdire à ses frère George et Richard d’épouser les filles de Warwick.

Marguerite d'York, Pays Bas, XV° Siècle.

 

b) Le coup de force de Warwick, la bataille d’Edgecote Moor : Warwick, profitant de la popularité déclinante d’Edouard IV, décida de s’associer avec George, duc de Clarence, le frère du roi.

Signature de George, duc de Clarence.

Apprenant la volte face de Warwick, une nouvelle rébellion éclata dans le nord, qu’Edouard IV décida de réprimer. Cependant, le roi se rendit rapidement compte que l’insurection prenait de l’ampleur et que le rapport de force lui était clairement défavorable. De ce fait, le roi décida de se retirer à Nottingham afin de recruter de nouveaux soldats. Cependant, le recrutement ne fut pas à la hauteur des espérances d’Edouard IV, sa popularité étant alors en berne.

Warwick, quittant Londres avec une importante armée, les rebelles du nord décidèrent alors de faire jonction avec ses troupes. Cependant, ces derniers furent interceptés par les troupes royales, commandées par William Herbert, comte de Pembroke, et les deux armées s’affrontèrent alors au cours de la bataille d’Edgecote Moor (juillet 1469.).

Monument commémoratif de la bataille d'Edgecote Moor.

Dans un premier temps, aucun des deux camps ne parvint à prendre l’avantage. Cependant, lorsque l’on apprit l’arrivée prochaine de Warwick, l’armée royale décida de se retirer et les rebelles furent vainqueurs.

 

c) Warwick, traître à la couronne : Suite à l’affrontement, Warwick fit emprisonner Edouard IV au château de Middleham, dans le Yorkshire, et fit exécuter Richard Woodville, père de la reine.

En outre, il fut prévu de convoquer un parlement où Edouard IV aurait été déclaré bâtard (et donc illégitime.), transmettant donc la couronne à son frère George, duc de Clarence. 

Cependant, Richard, duc de Gloucester, parvint à rallier les nobles à sa cause, et décida de délivrer son frère Edouard IV.

 

Le roi fut alors libéré, et décida dans un premier temps de se rapprocher de son frère George et de Warwick. Cependant, ces derniers se révoltèrent une fois de plus, au cours de l’année 1470, et furent donc déclarés traîtres à la couronne.

Les deux hommes furent alors contraints de se réfugier en France, à la cour de Louis XI.

Louis XI, par Jean Léonard LUGARDON.

Le rusé roi de France, ravi de pouvoir faire d’une pierre deux coups (fragiliser l’Angleterre et séparer Edouard IV de Charles le Téméraire.), décida alors de rapprocher Warwick et la reine Marguerite, l’épouse d’Henri VI[2].

Les deux insulaires étaient loin d’entretenir des rapports amicaux, mais un compromis fut finalement trouvé au cours de l’été 1470. Il fut ainsi décidé que le prince de Galles Edouard épouserait Anne Neville, la fille de Warwick.

En septembre, Warwick décida alors de débarquer en Angleterre, accompagné de troupes lancastriennes.

 

c) Le rétablissement et la chute d’Henri VI (1470 à 1471) : apprenant la nouvelle, John Neville, marquis de Montaigu, décida alors de rejoindre son frère Warwick. Edouard IV, abandonné par un de ses principaux lieutenants, fut donc contraint de fuir.

Le roi d’Angleterre et son frère Richard décidèrent de se réfugier aux Pays bas, puis se rendirent en Bourgogne auprès de leur allié Charles le Téméraire (hiver 1470.).

Les York ayant été vaincus, Warwick décida alors de libérer Henri VI de sa prison et accepta de le rétablir sur le trône.

 

Louis XI, ayant privé Charles le Téméraire d’un de ses meilleurs alliés, décida d’attaquer la Bourgogne. En outre, le roi de France proposa à Warwick de participer à la guerre, promettant de lui rétrocéder les Pays Bas bourguignons à l’issue du conflit.

Le Téméraire, se sentant menacé, décida alors de fournir une petite armée à Edouard IV, qui débarqua en Angleterre en mars 1471.

 

Se dirigeant vers la capitale, Edouard IV reçut le soutien de son frère George, qui décida de trahir Warwick et les Lancastre.

Un premier affrontement eut lieu au cours de la bataille de Barnet, en avril 1471.

Warwick, commandant les troupes lancastriennes, était à la tête d’une dizaine de milliers d’hommes. Edouard IV, quant à lui, possédait une armée d’une importance équivalente.

La bataille de Barnet, enluminure du XV° siècle.

Cependant, un épais brouillard avait recouvert le champ de bataille, et les hommes de Warwick confondirent l’emblème d’Edouard IV avec celui d’un des lieutenants d’Henri VI. Massacrant leurs propres hommes, les chances de victoire des Lancastre s’amenuisèrent rapidement, et Warwick décida alors de faire donner la retraite.

Cependant, il fut tué alors qu’il se dirigeait vers son cheval, ainsi que son frère John Neville.

 

La reine Marguerite, qui avait débarqué au même moment, décida de poursuivre l’offensive plutôt que de retourner en France.

Cependant, alors qu’elle recherchait de l’aide au Pays de Galles, la cité de Gloucester lui refusa le passage du fleuve Severn.

Edouard IV se hâta de marcher à l’encontre de ses ennemis, et les deux belligérants s’affrontèrent au cours de la bataille de Tewkesbury (mai 1471.).

Le commandant de l’armée des Lancastre, Edmond Beaufort, duc de Somerset (son frère Henri avait été tué suite à la bataille d’Hexham, en mai 1464.), n’avait cependant pas une grande expérience militaire, contrairement à ses ennemis.

Ne pouvant rivaliser contre l’artillerie d’Edouard IV, attaqué sur leurs flancs par son frère Richard, les Lancastre ne purent faire face bien longtemps.

A l’issue de la bataille, Edmond Beaufort fut exécuté, son frère John avait trouvé la mort au cours de la bataille, Marguerite et Anne Neville (la fille de Warwick.) furent emprisonnées, et le prince de Galles trouva la mort (à noter que l’on ne sait pas exactement s’il fut tué lors de la bataille ou exécuté peu après.).

En outre, Henri VI, à nouveau déposé par les York, trouva la mort dans sa prison à la fin du mois de mai, sans doute éliminé par Richard, le frère d’Edouard IV.

Enfin, George, comte de Clarence, bien qu’ayant trahi les Lancastre, ne tarda guère à conspirer à nouveau contre son frère. Ce dernier décida donc de le faire exécuter pour haute trahison en 1478.

 

A noter que la bataille de Tewkesbury est considérée par certains historiens comme la fin de la guerre des Deux Roses, bien que d’autres combats eurent lieu au cours des années suivantes…

 

3° La fin de règne d’Edouard IV (1471 à 1483) – Suite à la victoire de Tewkesbury, Edouard IV ne craignait plus de contre attaque de la part des Lancastre, la lignée étant pratiquement éteinte.

 

a) La ligue de 1472 : une fois revenu au pouvoir, Edouard IV décida de reprendre les hostilités contre la France, Louis XI ayant soutenu le rétablissement de la dynastie des Lancastre. Le roi d’Angleterre décida alors de participer à la ligue de 1472.

A cette époque, Charles de France, mécontent de son sort, décida de se rebeller contre son frère Louis XI[3]. Il regroupant alors autour de sa personne une nouvelle ligue contre le roi[4], à laquelle participèrent de grands seigneurs français (printemps 1472.).

Selon les premiers accords entre les insurgés, Edouard IV retrouverait les anciens domaines des Plantagenêts, et les grands vassaux obtiendraient leur indépendance vis-à-vis du roi de France.

Cependant, Charles de France mourut mystérieusement en mai 1472. Cette mort impromptue arrangeait bien les affaires de Louis XI, car les ligueurs, privés du frère du roi, perdaient du coup toute légitimité.

Edouard IV et les seigneurs félons décidèrent alors de dissoudre leur alliance.

 

b) Le traité de Picquigny (1475) : quelques années plus tard, en 1474, Charles le Téméraire, l’allié d’Edouard IV, se retrouva dans une situation difficile. Attaqué par les cantons suisses (financés par Louis XI.), le duc de Bourgogne invita le roi d’Angleterre à venir à son secours.

Edouard IV, après avoir longtemps hésité, décida finalement de débarquer en France au cours de l’été 1474.

Débarquant à Calais à la tête d’un contingent d’une dizaine de milliers d’hommes, le roi d’Angleterre avait hâte d’en découdre avec les Français. A noter qu’à cette date, les deux pays étaient toujours officiellement en guerre, bien qu’il n’y ait pas eu de batailles entre Français et Anglais depuis la bataille de Castillon, en 1453.

Louis XI, décidant de faire marcher la carte de la diplomatie, invita les Anglais à établir leur camp près d’Amiens, les ravitaillant en vins et en viandes.

Les Anglais faisant bonne chère devant Amiens, par Paul Lehugeur.

Finalement, Louis XI et Edouard IV se rencontrèrent le 29 août 1475, au milieu d’un pont sur la Somme, près de Picquigny.

S’embrassant à travers une grille de bois située au milieu de la passerelle, les deux souverains prirent plusieurs engagements : Louis XI et Edouard IV, se jurant parfaite amitié, s’engagèrent à lutter contre leurs vassaux félons, signèrent une trêve de neuf ans, et il fut convenu que le dauphin Charles épouserait Elisabeth, fille du roi d’Angleterre.

Edouard IV reçut 75 000 écus, ainsi qu’une pension annuelle de 50 000 écus ; en échange, le roi d’Angleterre renonça à ses possessions continentales et à la couronne de France, et s’engagea aussi à libérer Marguerite, l’épouse de feu Henri VI.

A noter que le traité de Picquigny, bien que n’étant pas un traité de paix mais une simple trêve, constitue néanmoins le seul document juridique mettant officiellement fin à la guerre de Cent Ans.

 

La nouvelle de la défection du roi d’Angleterre ne fut pas une bonne nouvelle pour Charles le Téméraire, qui trouva la mort suite au siège de Nancy (janvier 1477.).

 

c) La mort d’Edouard IV (1483) : au cours du printemps 1483, Edouard IV tomba gravement malade. Avant de mourir, il nomma son frère Richard protecteur du royaume, le chargeant de veiller sur son jeune fils, qui lui succéda sous le nom d’Edouard V.

En avril 1483, le roi d’Angleterre mourut à l’âge de 40 ans, sans que l’on connaisse aujourd’hui les causes exactes de son décès. Certains historiens pensent qu’il mourut de pneumonie, d’autres qu’il fut empoisonné.

A noter qu’Edouard IV fut un des rares membres de la dynastie des York à mourir dans son lit, la plupart des membres de sa famille ayant trouvé la mort sur le champ de bataille.

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[1] La France et la Bourgogne étaient alors deux pays ennemis, chacun espérant s’accroitre aux dépents de l’autre. Pour en savoir plus sur les conflits ayant opposé ces deux grandes puissances du XV° siècle, cliquez ici.

[2] Marguerite et son fils le prince de Galles étaient venus se réfugier en France suite à la capture d’Henri VI, en 1465. Pour en savoir plus à ce sujet, référez vous au 1, section 3, chapitre premier, les York et la guerre des Deux Roses.

[3] Pour en savoir plus à ce sujet, voir le a), 3, section III, chapitre cinquième, les Valois.

[4] Une première ligue s’était formée au cours de l’année 1465, comme vous pourrez le constater en 3, section II, chapitre cinquième, les Valois.

 
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