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Mythologie
 
 

 

 

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Les mensonges de l'Histoire

 


Napoléon le Petit

Louis Napoléon Bonaparte, élu au suffrage universel masculin le 10 décembre 1848, décida d'opérer un coup d'Etat trois années plus tard, la constitution l'interdisant de briguer un second mandat. Mais cette action, considérée comme une « trahison » par les républicains, ne lui fut jamais pardonnée. L'un des opposants au second Empire, l'écrivain Victor Hugo, lors de son exil à Jersey, rédigea donc plusieurs ouvrages fustigeant cette prise de pouvoir : Les châtiments, Histoire d'un crime, et Napoléon le Petit.

Toutefois, si ce surnom est resté dans les mémoires, quand est-il de la politique de cet Empereur ? Fut-il un souverain falot et débonnaire, comme le veut sa légende noire, ou bien fut il un chef d'Etat plus compétent qu'on ne pourrait le croire ?

Affiche publicitaire illustrant le roman Histoire d'un crime, publié par Victor Hugo, relatant les évènements de décembre 1852, 1878, musée de Montmartre, Paris.

 

Louis Napoléon Bonaparte, qui adopta le nom de Napoléon III suite à la proclamation du second Empire, était né en 1808, fils de Louis Bonaparte (frère cadet de Napoléon I°) et d'Hortense (fille de Joséphine de Beauharnais[1]). Il était donc le neveu de Napoléon, mais aussi son petit fils par alliance.

La famille du jeune homme, contrainte à l'exil suite au retour des Bourbon, s'installa en Suisse. A l'été 1830, alors que la révolution de Juillet avait contraint le roi Charles X à abdiquer, Louis Napoléon et son frère aîné Napoléon Louis[2] se firent connaître pour la première fois, militant à Rome pour un rétablissement de l'Empire (à cette époque, le fils de Napoléon I°, François Napoléon, était retenu au château de Schönbrunn, à Vienne[3]). 

Louis Napoléon Bonaparte et son frère aîné Napoléon Louis Bonaparte.

Toutefois, l'insurrection italienne fit long feu, Louis Philippe (qui était monté sur le trône suite à la révolution de Juillet) ayant refusé d'intervenir, et fut donc rapidement matée par l'armée autrichienne[4]. A noter par ailleurs que les deux frères furent frappés par la rougeole, et Napoléon Louis y succomba en mars 1831.

Louis Napoléon, suite à la mort de son frère, puis de son cousin François, se considérait désormais comme l'héritier de du trône impérial[5]. Le jeune homme, organisant des réseaux bonapartistes depuis la Suisse, décida finalement de passer à l’action. Planifiant une marche vers Paris similaire à celle qu’avait effectuée Napoléon lors des Cent-Jours, Louis Napoléon décida de se rendre à Strasbourg afin de soulever la garnison de la ville. Toutefois, la conjuration fut un échec, et tous les participants furent rapidement arrêtés et emprisonnés.

Louis Philippe, jugeant que Louis Napoléon était un prisonnier aussi embarrassant que peu dangereux, décida alors de le libérer et de le conduire vers les Etats Unis. Les autres conjurés, passant en jugement, furent quant à eux acquittés.

Toutefois, le neveu de l'Empereur déchu ne resta pas longtemps sur le sol américain, rentrant en Europe l'année suivante. Ce dernier rentra en Suisse pendant l'été 1837, se rendant au chevet de sa mère mourante (cette dernière décéda en fin d'année).

En 1840, Louis Philippe organisa le retour des cendres de Napoléon I°, afin de susciter une vague de patriotisme, mais aussi de profiter de la gloire impériale, en se présentant comme l’héritier de l’Empereur déchu. Louis Napoléon décida de profiter de cet évènement pour opérer un nouveau coup d'Etat. Cependant, le soulèvement de Boulogne-sur-Mer fut un échec, et Louis Napoléon fut alors enfermé au au fort de Ham, condamné à la prison à vie.

Le retour des cendres.

Parvenant à s'échapper en 1846, après six années de détention, le neveu de l'Empereur déchu parvint à se réfugier en Angleterre. Puis, suite à la révolution de 1848, qui contraignit Louis Philippe à abdiquer, Louis Napoléon fut élu député et rentra en France. Ce dernier, comme nous l'avons vu plus tôt, fut élu président de la république le 10 décembre 1848, pour une durée de quatre ans, sans possibilité de réélection.

Louis Napoléon, faisant face à l'hostilité des députés, qui voulaient faire adopter un décret permettant au président de l’assemblée de prendre le contrôle de l’armée, décida alors d'organiser un coup d'Etat, le 2 décembre 1851. Ce dernier ayant été ratifié par plébiscite, Louis Napoléon fit voter une nouvelle constitution en janvier 1852, qui lui accordait un mandat de dix ans ; puis, en novembre 1852, le second Empire fut proclamé, décision elle aussi ratifiée par plébiscite à la fin du mois.

Napoléon III, Empereur des Français, atelier de Franz Xaver WINTERHALTER, XIX° siècle, musée des Invalides, Paris.

 

Si aujourd'hui encore, Napoléon III continue d'être dénigré, souffrant de cette image de « traître » véhiculée par Victor Hugo, il convient de préciser que bilan du règne de ce souverain est plutôt positif.

 

En ce qui concerne la diplomatie, rappelons que depuis 1815, date à laquelle s’était tenu le congrès de Vienne[6], la France se trouvait à l'écart des relations internationales. En effet, les monarchies européennes se méfiaient de l'Hexagone, pays instable et agité par de nombreux troubles (l'on comptait déjà trois révolution en moins d'un siècle, sans compter les insurrections qui avaient échouées). Ainsi, pendant plus de trente ans, le pays n'avait conclu aucune alliance diplomatique, conservant les mêmes frontières depuis la chute du premier Empire.

En 1853, Napoléon III se rapprocha de l'Angleterre, participant avec Londres à la guerre de Crimée, s'opposant à la mainmise russe dans les Balkans. En septembre 1855, à l'issue d'une année de siège, les alliés parvinrent à s'emparer de Sébastopol, principale base navale des Russes en Crimée[7].

Le 7° de ligne à l'assaut de Malakoff, par E. BOUTIGNY, musée de l'Infanterie, Montpellier.

Puis, quelques années plus tard, en 1859, Napoléon III décida de se rapprocher du royaume de Piémont-Sardaigne, qui était intervenu aux côtés de la France pendant la guerre de Crimée. L'Empereur, partisan du « droit des peuples à disposer d'eux mêmes », était favorable à une unification italienne, mais était tiraillé sur sa droite par les catholiques, qui considéraient que ce mouvement unitaire menaçait les Etats pontificaux. Ce dernier, prenant contact avec Camillo Benso, comte de Cavour, président du conseil[8] de Piémont-Sardaigne, imagina un plan de réorganisation de l’Italie, qui serait divisée en trois territoires autonomes : au nord, le royaume de Piémont Sardaigne (grossi par la Vénétie et la Romagne), au centre, un Etat réunissant les territoires pontificaux et la Toscane ; au sud, le royaume des Deux-Siciles. Cette confédération italienne serait alors dirigée par le pape.

La campagne d'Italie, qui débuta au printemps 1859, accorda plusieurs succès aux alliés. Ces derniers, parvenant à progresser en territoire ennemi, contraignirent les Autrichiens à évacuer Milan, puis à reculer vers la Vénétie. Toutefois, faisant face à l'hostilité de la Prusse et des catholiques, Napoléon III signa un armistice avec l'Empereur d'Autriche François Joseph : le royaume de Piémont-Sardaigne récupérait la Lombardie, et en contrepartie cédait la Savoie et le comté de Nice à la France[9].

La garde impériale au pont de Magenta, par Eugène CHARPENTIER, 1860, musée des Invalides, Paris.

 

Outre le développement des relations diplomatiques, Napoléon III, bien que gagné aux thèses des saint-simoniens[10], décida finalement de favoriser une politique d’intervention et d’expansion outre mer. Du premier Empire colonial français, qui s'était développé vers l'Amérique du nord et l'Inde, à l'époque de l'Ancien Régime, il ne restait rien. En 1848, les Français n'étaient implantés qu'en Algérie[11] et au Sénégal.

Toutefois, alors que les possessions coloniales françaises atteignaient une superficie d’à peine 300 000 kilomètres carrés en 1848, elles étaient supérieures à un million à la fin du règne de Napoléon III : en Afrique, les Français développèrent leur implantation au Sénégal, prenant Madagascar et l’archipel des Comores (1860), puis Djibouti (1862) ; côté égyptien, la France reçut une concession en prévision du percement du canal de Suez (qui fut inauguré en 1869) ; en Extrême-Orient, profitant de l'affaiblissement de la Chine, les Français prirent pied en Cochinchine et au Cambodge, établissant un protectorat sur le Cambodge, puis sur le Siam.

Réception des ambassadeurs du Siam à Fontainebleau, par Jean Léon GEROME, 1864, château de Fontainebleau, Fontainebleau.

A noter toutefois que la gestion de l'Algérie posa problème, ce territoire étant plutôt hostile au second Empire. Ainsi, Napoléon III envisagea de faire de cette colonie un royaume arabe sous protectorat français, mais il se heurta à l'hostilité des colons. Finalement, ce projet fut abandonné.

Le second Empire subit une seconde déconvenue lors de la campagne du Mexique (qui dura de 1861 à 1867), Napoléon III ayant profité de la guerre de Sécession américaine[12] pour étendre son influence sur le continent américain. Toutefois, si les Français parvinrent à progresser jusqu'à la capitale, les rebelles mexicains bénéficièrent rapidement de l'aide des Etats-Unis, et l'expédition se solda sur un échec[13].

Combat contre une bande de guérilleros mexicains, gravure publiée dans le journal Le monde illustré, 1864.

 

D'un point de vue économique, la France de 1848 connaissait un certain retard par rapport à l'Angleterre, pays avait débuté sa révolution industrielle dès les années 1820. Napoléon III, bénéficiant sous son règne d'une période de forte croissance, décida alors de mettre cet avantage à profit.

Chemin de fer du Nord : ouverture de la ligne reliant Boulogne à Calais, gravure publiée dans Le journal illustré, 1867.

Le réseau de chemin de fer s'agrandit considérablement, comptant 18 000 kilomètres de voies ferrées en 1870 (contre 3 000 en 1851), permettant le transport de 111 millions de voyageurs et 44 000 tonnes de marchandises en une année ; le télégraphe se répandit rapidement en France (l'on comptait 30 000 kilomètres de lignes en 1870), les Etats-Unis et le vieux continent étant reliés en 1858 ; afin de réduire le taux des prêts, parfois faramineux, furent créées des sociétés de crédit (Crédit foncier, Crédit Lyonnais, etc.) ; afin de mieux encadrer le droit des sociétés, de nouveaux statuts furent mis en place (la la société à responsabilité limitée, ou SARL, et la société anonyme, ou SA[14]) ; enfin, la France et l'Angleterre s'engagèrent dans la voie du libéralisme, signant un accord de libre-échange en 1860, abolissant les tarifs douaniers alors en vigueur. 

Grâce à toutes les mesures adoptées par le gouvernement depuis 1848, plusieurs grands magasins ouvrirent leurs portes dans la capitale (Le Bazar Napoléon, Au Printemps, et La Samaritaine[15]).

Façade du Bazar Napoléon (aujourd'hui Bazar de l'Hôtel de ville).

A Paris, la prospérité du second Empire se traduisit par les travaux du baron Georges Eugène Haussmann, préfet de la Seine. Alors qu'en 1848, la capitale était une ville quasi-médiévale, réputée pour sa surpopulation et son insalubrité, Paris fut transformée en une ville moderne en l'espace de quelques années : Haussmann fit alors percer de grandes rues, rénovant la place de la Bastille, la rue Rivoli, la place de la Concorde et l’avenue des Champs Elysées ; dans l’île de la Cité, des bâtiments anciens furent détruits, afin de dégager le parvis de Notre Dame ; plusieurs parcs furent aménagés (les Buttes Chaumont, le bois de Vincennes, et le bois de Boulogne); enfin, plusieurs kilomètres de routes goudronnées, trottoirs, caniveaux et égouts furent construits.

Destruction d'une partie de la Cité, gravure publiée dans Le journal illustré, 1867.

Au final, alors que Paris comptait moins de 500 000 habitants en 1848, il y en avait environ deux millions en 1870.

A noter toutefois que l’haussmannisation de Paris fut critiquée par certains politiques, ces derniers reprochant à Haussmann le coût important des travaux (2.5 milliards de francs, une somme considérable pour l'époque), la destruction d’édifices souvent anciens, et l’accroissement de la fracture sociale, causée par la hausse du prix des loyers dans les nouveaux immeubles.

Malgré tout, la mode de l’haussmannisation toucha plusieurs grandes villes, telles que Lyon, Marseille, Bordeaux ou Montpellier.

 

Concernant la politique intérieure, Napoléon III entreprit de libéraliser le régime à compter de 1860. Ainsi, les deux chambres dotées du pouvoir législatif, le Corps législatif et le Sénat, reçurent peu à peu d'importantes prérogatives : possibilité de discuter des projets de loi en comité secret (1860) ; participation du Corps législatif au vote du budget (1861) ; droit d’interpellation, permettant aux députés d'interpeller le gouvernement (1867) ; partage du pouvoir constituant entre les deux assemblées (1870) ; etc.

Par ailleurs, la censure fut diminuée, et l’autorisation préalable (document requis pour toute réunion publique) fut abolie. 

Paradoxalement, plus l'Empire se libéralisait, plus ses détracteurs devenaient véhéments. Ainsi, les conservateurs n’appréciaient guère la politique de libéralisme ; les républicains restaient hostiles au régime ; enfin, les catholiques n'aimaient pas la position de Napoléon III vis à vis du mouvement unitaire italien.

Une séance du Corps législatif, gravure publiée dans Le journal illustré, 1869.

L'Empereur, principalement soutenu par les populations rurales, chercha alors des appuis auprès des ouvriers. Ce faisant, il créa la société du prince impérial en 1862 (chargée de prêter de l’argent aux familles d’ouvriers dans le besoin) ; reconnut le droit de grève (1864)[16] ; puis autorisa les ouvriers à se réunir dans des associations à caractère syndical (1866)[17]. Cependant, si de nombreux ouvriers furent séduits par la politique sociale de Napoléon III, ce dernier faisait face à l'émergence du socialisme, doctrine considérant que l'Etat, même composé de savants ou de génies, restait un système de domination contre le prolétariat, dans la mesure où ce dernier n’étant pas en mesure d’administrer lui-même le pays.

Tombe de Karl Marx, Angleterre, vers 1990.

 

En réalité, le principal échec de Napoléon III fut face à la Prusse, ancien duché qui avait obtenu son indépendance vis à vis du Saint Empire romain germanique à l'époque moderne. En 1815, à l'issue du congrès de Vienne, le royaume de Prusse avait obtenu la Rhénanie, possédant désormais une frontière commune avec la France. Au fil des années, les Prussiens firent en sorte d'agrandir leurs possessions en Allemagne, au détriment de l'Autriche : en 1866, après avoir remporté la bataille de Sadowa, le roi de Prusse Guillaume I° contraignit l'Empereur François Joseph à abandonner toute la moitié nord de l'Allemagne (c'est ainsi que fut créée la confédération de l’Allemagne du Nord, dominée par la Prusse). Napoléon III, favorable à l'unification de l'Allemagne, comme à celle de l'Italie, décida de ne pas intervenir, ne prenant pas garde à la mainmise progressive de la Prusse sur la région.

Guillaume I°, roi de Prusse, gravure publiée dans Le journal illustré, 1867 (en haut) ; la Prusse en 1867 (à gauche) ; l'Autriche en 1867 (à droite).

Deux années plus tard, en 1868, une révolution éclatant en Espagne chassa du pouvoir la reine Isabelle II. Les insurgés, préférant toutefois conserver un système monarchique, firent alors appel à Léopold de Hohenzollern-Sigmaringen, un cousin éloigné du roi de Prusse. Côté français, cette annonce était particulièrement inquiétante, faisant resurgir le spectre d'un encerclement de la France comme à l’époque de Charles Quint. Les diplomates français parvinrent toutefois à faire reculer Guillaume I°, mais les députés exigèrent un acte de renonciation officiel. Le roi de Prusse refusa de céder, mais suite à une mauvais traduction d'un télégramme envoyé par Berlin, les députés se sentirent insultés.

Napoléon III, bien qu'hostile à un conflit contre les Prussiens, fut finalement contraint de céder face aux bellicistes. Ainsi, la France déclara la guerre à la Prusse en juillet 1870, sans alliés à ses côtés. 

L'armée française, bien inférieure à celle de l'ennemi (900 000 hommes contre 1 200 000 côté allemand), manquait en outre d'entraînement, de munitions, et de canons. En l'espace d'un mois, les Français ne subirent que des revers, incapables de résister à la progression des prussiens. Napoléon III, malade[18], fut fait prisonnier suite à la bataille de Sedan, le 1er septembre 1870.

La bataille de Sedan.

A Paris, l'annonce de la capitulation fit grand bruit, et le 4, des milliers de manifestants envahirent le palais Bourbon, siège du Corps législatif. Le même jour, quelques députés républicains rassemblés à l’Hôtel de Ville proclamèrent la troisième république.

L'annonce de l'abolition du régime impérial devant le palais du Corps législatif, le 4 septembre 1870, par Jules DIDIER et Jacques GUIAUD, XIX° siècle, musée Carnavalet, Paris.

 

Comme nous venons de le constater, le règne de Napoléon III fut, au final, plutôt positif, l'Empereur ayant su profiter d'une bonne période de croissance économique pour faire rentrer la France dans l'ère moderne.

Par ailleurs, si les républicains ne pardonnèrent pas à ce souverain l'emploi de la force lors du coup d'Etat du 2 décembre, il convient de préciser que ces derniers n'hésitèrent pas à prendre les armes contre le peuple, faisant bien plus de victimes : 4 000 pendant des émeutes de juin 1848 et 30 000 lors de la liquidation de la Commune, au printemps 1871[19] ; contre « seulement » 400 en décembre 1851.

En réalité, ce qui fut le plus reproché à Napoléon III fut l'échec de la guerre contre la Prusse, qui priva la France de l'Alsace et d'une partie de la Lorraine, territoire qui ne furent récupérés que 40 années plus tard, à l'issue de la Grande guerre.

A noter toutefois que Napoléon III avait tenté en 1866 de faire adopter la loi Niel, prévoyant une grande réforme de l'armée. Cependant, les députés y furent hostiles, ceux-là même qui furent partisans de la guerre en 1870.  

Mais si le règne de Napoléon III est toujours entaché par cette légende noire, ce souverain fut peut-être plus républicain que les républicains, de nombreuses mesures en vigueur pendant son règne ayant été abrogées sous la troisième république : l'élection du président de la république au suffrage universel, l'usage du plébiscite, la liberté de la presse, le droit de vote pour les militaires, etc. 

En ce qui concerne la légende noire, qui depuis plus d'un siècle contribue à jeter l'opprobre sur le règne de Napoléon III, voici ce qu'Emile Zola, républicain libéral, écrivit à ce sujet : à 20 ans, je tenais le neveu du grand Napoléon pour le bandit, le ruffian, le « voleur de nuit » qui, selon l'expression célèbre, avait allumé sa lanterne au soleil d'Austerlitz. [...] Je le voyais « l'œil terne, furtif, les traits pâlis » à travers cette rhétorique hennissante, écumante, géniale. Mais j'en suis revenu depuis. Car, au fait, le Napoléon III des Châtiments, c'est un croquemitaine sorti tout botté et tout éperonné de l'imagination de Victor Hugo. Rien n'est moins ressemblant que ce portrait, sorte de statue de bronze et de boue élevée par le poète pour servir de cible à ses traits acérés, disons le mot, à ses crachats.

Ainsi, l'homme qui fut le premier président de la république française, mais aussi le dernier souverain à avoir régné sur la France, reste encore méconnu aujourd'hui.

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[1] A noter que Joséphine, première épouse de Napoléon, avait eu deux enfants lors d'un précédent mariage avec Alexandre de Beauharnais, décédé en 1794 : Eugène et Hortense, plus tard adoptés par l'Empereur.

[2] Napoléon Louis était né en 1804. Toutefois, il n'était pas le premier enfant d'Hortense, qui avait donné naissance à Napoléon Charles en 1802, décédé en 1807.

[3] A noter qu'il y mourut en juillet 1832 (vraisemblablement de la tuberculose).

[4] Rappelons qu'à cette date, l'Italie n'était pas encore unifiée, comme c'est le cas aujourd'hui. Ainsi, l'on trouvait de nombreux Etats sur la botte italique. Sous domination autrichienne : les duchés de Parme et de Modène, le duché de Toscane, le royaume lombard-vénitien. Restaient indépendants les Etats pontificaux, le royaume des Deux-Siciles, et le royaume de Piémont-Sardaigne.

[5] A noter toutefois qu’en octobre 1836, l’héritier officiel était non Louis Napoléon, mais son père, Louis Bonaparte (qui ne mourut que dix ans plus tard, en juillet 1846).

[6] Le congrès de Vienne, organisé en 1815, avait consacré le démembrement de l'Empire napoléonien et le retour des Bourbon. Toutefois, le système d'équilibre entre les grandes puissances, qui fut mis en place à cette date, permit d'accorder à l'Europe un demi-siècle de paix. Pour en savoir plus à ce sujet, cliquez ici.

[7] Pour en savoir plus sur ce conflit particulièrement meurtrier (95 000 morts côtés français et 25 000 côté anglais), voir le 3, section I, chapitre premier, le second Empire.

[8] Cette charge est l'équivalente de celle de premier ministre aujourd'hui.

[9] Malgré la fin de la guerre, le royaume de Piémont-Sardaigne ne mit pas fin au mouvement unitaire. De 1859 à 1860, plusieurs plébiscites en faveur de l’unification italienne furent organisés dans toute la péninsule, accordant une large victoire au « oui. » En l'espace de quelques mois, plusieurs Etats furent annexés :  pacifiquement (Parme, Modène et la Toscane) ou militairement (le royaume des Deux-Siciles, ainsi que les Marches, l’Ombrie et la Romagne, anciennes possessions du pape). En 1861, l'Italie était presque entièrement réunifiée. Ne lui échappait que la Vénétie, restée entre les mains des Autrichiens, et Rome, sous l'autorité du pape.

[10] Le saint-simonisme était une doctrine philosophico-religieuse qui avait été développée par Claude Henri de Rouvroy, comte de Saint Simon, au début du XIX° siècle. Ce dernier pensait que tous les hommes devaient être égaux à la naissance, et ne pouvaient se distinguer qu’en fonction de leurs mérites. Ce dernier considérait aussi la révolution industrielle comme une chance, et qu’il fallait la favoriser afin d’augmenter le niveau de vie des Français.

[11] La conquête de l'Algérie avait débuté sous le règne de Charles X, en juillet 1830.

[12] Nous évoquerons ce conflit dans un article suivant.

[13] Pour en savoir plus sur la campagne du Mexique, voir le 3, section I, chapitre second, le second Empire.

[14] La SARL est formée par les actionnaires de la société, qui nomment un gérant. Ce dernier est tenu de leur rendre des comptes au moins une fois par an lors d’une assemblée générale. Au contraire, la SA est formée par deux types d’associés anonymes : les commanditaires (les actionnaires de la société.) et les commandités (il s’agit de commerçants nommés par les actionnaires.). La société est administrée par des gérants, nommés par les commandités avec l’accord des commanditaires. A noter que les SARL sont plus fréquentes que les SA, car ces dernières ne peuvent être créées qu’en investissant une importante somme d’argent dans le capital de la société (au moins 37 000 € en 2010.).

[15] Ces magasins existent toujours : le Bazar Napoléon fut plus tard rebaptisé Bazar de l'Hôtel de ville ; et La Samaritaine, qui fut fermé en 2005 en raison de non-conformité aux normes de sécurité, l'établissement est en cours de rénovation.

[16] Rappelons que la grève était interdite depuis la Révolution française, en vertu de la loi Le Chapelier, adoptée en juin 1791. Pour en savoir plus sur l’adoption de ce texte, voir le 2, section I, chapitre troisième, la Révolution française.

[17] A noter que la loi le Chapelier, outre le droit de grève, interdisait aussi les syndicats. Ces derniers, bien que tolérés sous le second Empire, ne furent définitivement reconnus qu’en 1884.

[18] Ce dernier était atteint de la maladie de la pierre (un calcul s’était formé dans sa vessie) depuis 1865. Cette affection entraina un vieillissement précoce de Napoléon III, qui s’intéressa de moins en moins aux affaires de l’Etat.

[19] Nous reviendrons sur les émeutes de juin 1848 et sur la liquidation de la Commune dans un chapitre ultérieur.

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