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La seconde république (1848 - 1852)

CHAPITRE CINQUIEME : Louis Napoléon Bonaparte président de la seconde république (décembre 1848 à décembre 1852)

 

I : Larrivée de Louis Napoléon Bonaparte au pouvoir (décembre 1848 à mars 1849)

           

            1° La mise en place du nouveau gouvernement (décembre 1848) – Le lendemain de l’élection présidentielle, Louis Napoléon Bonaparte décida de confier à Odilon Barrot la charge de constituer un nouveau gouvernement.

Portrait d'Odilon Barrot.

Le nouveau président du conseil, né en juillet 1791, avait été nommé préfet de la Seine en 1830. Toutefois, son inactivité lors des émeutes de février 1831 lui couta son poste[1]. Plus tard, toujours sous la monarchie de juillet, il fut le leader de l’opposition dynastique, mouvement politique de gauche mais néanmoins favorable à la monarchie constitutionnelle.

 

Ainsi, outre Odilon Barrot, président du conseil et ministre de la Justice, l’on retrouvait Léon Faucher[2] au ministère de l’Intérieur ; Édouard Drouyn de Lhuys[3] aux Affaires étrangères ; le portefeuille des Finances fut cédé à Hippolyte Passy[4] ; Bertrand de Lacrosse[5] eut les Travaux Publics ; Louis Buffet[6] reçut le ministère de l’Agriculture ; l’Instruction publique fut cédée au comte Alfred de Falloux[7] ; le général Joseph Marcellin Rulhières[8] fut nommé ministre de la Guerre ; enfin, Alexandre César Charles Victor Destutt, marquis de Tracy[9], reçut le portefeuille de la Marine et des Colonies.

Léon Faucher, Edouard Drouyn de Lhuys, Louis Buffet et Alfred de Falloux.

 

Le nouveau gouvernement était très différent de ceux qui s’étaient formés au cours de l’année 1848. En effet, Louis Napoléon Bonaparte avait cédé de nombreux portefeuilles aux membres du parti de l’ordre, avec lequel il avait fait alliance avant l’élection présidentielle.

Ainsi, les ministres étaient en grande majorité des monarchistes orléanistes, hormis Falloux (légitimiste.) et Lacrosse (bonapartiste.).

 

            2° La constitution de 1848 – La nouvelle constitution, dont les premiers débats avait commencé à la fin mai 1848, avait été finalement adoptée par l’assemblée le 4 novembre 1848.

Fête de la constitution, sur la place de la Concorde, le 12 novembre 1848, par Jean Jacques CHAMPIN, XIX° siècle, musée CARNAVALET, Paris.

 

Le pouvoir législatif était basé sur un système monocaméral[10], l’assemblée étant composée de 750 membres d’au moins 25 ans, élus au suffrage universel direct. Les députés étaient élus pour trois ans, rééligibles immédiatement.

L’assemblée agissait en complète autonomie, se réunissant à son bon vouloir. Les députés avaient le pouvoir de déclarer la guerre et de négocier les traités.

L’assemblée pouvait aussi voter des lois à son initiative, et ne pouvait être dissoute par le président de la république.

 

Le président de la république, quant à lui, était élu pour quatre ans au suffrage universel direct (il devait avoir au moins 30 ans.) Toutefois, contrairement aux députés qui étaient rééligibles immédiatement, le président ne pouvait se représenter qu’au bout de quatre ans après la fin de son mandat.

Nommant et révoquant les ministres, il pouvait proposer des lois à l’assemblée et les promulguer. Le président disposait aussi du pouvoir de nommer les fonctionnaires et disposait du droit de grâce.

A noter que le président, en cas de malversations,  pouvait être déféré devant les tribunaux et mis en accusation.

 

Les deux pouvoirs étaient forts et équilibrés, même si le législatif conservait un léger avantage sur l’exécutif.

A noter que les députés avaient prévu un système de lois organiques, chargées de compléter la constitution de 1848 (système similaire aux amendements américains.), mais la durée de vie éphémère de la seconde république rendit impossible toute modification de ce régime.

 

            3° Parti de l’ordre contre républicains de la veille (décembre 1848 à mars 1849) – Louis Napoléon Bonaparte, suite à sa nomination comme président de la république, décida de s’installer au palais de l’Elysée[11] (bien que ce bâtiment soit passablement délabré.) plutôt qu’aux Tuileries (l’endroit étant jugé trop associé à l’Empire et à la monarchie[12].).

Louis Napoléon Bonaparte, président de la république, musée des Invalides, Paris.

Adoptant comme tenue officielle l’uniforme de général en chef de la Garde nationale, le chef de l’Etat ne tarda guère à rencontrer Charles Auguste de Morny, son demi-frère adultérin dont il ignorait l’existence jusqu’alors[13].

Charles Auguste de Morny, gravure publiée dans Le journal illustré, 1865.

 

Le parti de l’ordre, pensant avoir les mains libres depuis l’élection présidentielle, constata que la frange gauche de l’assemblée n’avait pas baissé les bras. Ainsi, Alexandre Ledru-Rollin[14] contesta fin décembre 1848 le double commandement du général Changarnier[15], qui avait été nommé commandant de la Garde nationale et de la division militaire de Paris suite aux élections ; en outre, l’assemblée vota peu de temps après l’abrogation de l’impôt sur le sel dans les régions d’élevage, contre l’avis du gouvernement.

Alexandre Auguste Ledru-Rollin, par Angélique MONGEZ, XIX° siècle, musée Carnavalet, Paris.

 

Les conservateurs, face à l’opposition de l’assemblée, décidèrent alors de riposter en janvier 1849. Ainsi, le comte de Falloux, ministre de l’Instruction publique, mit un terme à la commission chargée de réformer l’enseignement mise en place par son prédécesseur, et nomma Adolphe Thiers[16]  à la tête d’une nouvelle commission ; Léon Faucher, ministre de l’Intérieur, décida de réduire de moitié les bataillons de la garde nationale mobile, jugée trop sensible à la propagande de la gauche républicaine[17] ; enfin, le gouvernement confia la tâche au général Changarnier de faire pression sur l’assemblée pour que cette dernière accepte de voter la date des prochaines élections législatives (qui furent finalement fixées à la date du 13 mai 1849.).

Le général Changarnier.

 

Au même moment, préfets et sous préfets d’obédience républicaine furent remplacés par des conservateurs ou des bonapartistes ; enfin, en mars 1849, les clubs politiques furent fermés.

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[1] Pour en savoir plus sur les émeutes de février 1831, voir le 2, section V, chapitre premier, la monarchie de Juillet.)

[2] Journaliste et rédacteur en chef du journal Courrier français depuis 1839, Faucher fut élu député en 1846.

[3] Drouyn de Lhuys était un diplomate français né en novembre 1805. Elu député en 1842, il fut un adversaire de François Guizot, dernier premier ministre de Louis Philippe.

[4] Passy, né en octobre 1793, participa aux dernières campagnes de Napoléon dans le corps des hussards. Toutefois, hostile à la restauration, il décida de se réfugier en Louisiane suite à la chute de l’Empire. Elu député en 1830, il fut nommé ministre à plusieurs reprises sous la monarchie de Juillet.

[5] Lacrosse, né en janvier 1796, participa aux dernières campagnes de Napoléon en tant que cavalier (il participa à Waterloo en 1815.). Vivant à l’écart du monde politique jusqu’en 1830, il adhéra au parti d’opposition dynastique, mené par Odilon Barrot.

[6] Né en octobre 1818, Buffet fut avocat avant d’être élu député en 1848.

[7] Alfred de Falloux, né en mai 1811, commença sa carrière en tant que journaliste. Proche des légitimistes, il fut élu député en 1846 et participa à la révolution de 1848.

[8] Le général Rulhières, né en 1787, participa aux dernières campagnes de l’Empire, à l’expédition de Belgique (1832.), et aussi à la conquête de l’Algérie.

[9] Né en septembre 1781, le marquis de Tracy participa aux campagnes de Napoléon. Elu député à partir de 1822, il siégea à gauche, s’opposant à la conquête de l’Algérie et militant contre la peine de mort.

[10] Contrairement à aujourd’hui en France, il n’existait pas deux assemblées (assemblée nationale et sénat.), mais une seule.

[11] Le palais de l’Elysée avait été construit en 1720 par Louis Henri de La Tour d’Auvergne, comte d’Evreux (ce dernier était le petit neveu d’Henri de La Tour d’Auvergne, vicomte de Turenne, maréchal de Louis XIV.). A noter que le comte d’Evreux, soucieux de trouver les fonds nécessaire à la construction de l’édifice, avait épousé une fille de 12 ans, issue de la bourgeoisie (cette dernière fut congédiée en 1720, lors de l’inauguration de l’hôtel d’Evreux, nom initial du palais de l’Elysée.). Plus tard, l’édifice fut cédé par Louis XV à sa maîtresse la marquise de Pompadour, avant d’être abandonné au cours de la Révolution française (l’édifice fut alors rebaptisé palais de l’Elysée en raison de sa proximité avec les Champs Elysées.). Après avoir été un temps occupé par Napoléon I°, l’hôtel fut finalement cédé au duc de Berry, neveu de Louis XVIII.

[12] Le palais des Tuileries était la demeure des chefs de l’Etat, depuis Louis XVI jusqu’à Louis Philippe I°.

[13] Morny était le fils illégitime d’Hortense de Beauharnais (épouse de Louis Bonaparte.) et sans doute du général Charles de Flahaut (qui était peut être lui-même un fils illégitime de Charles Maurice de Talleyrand-Périgord, ministre de Napoléon I°.).  

[14] Ledru-Rollin, proche de l’extrême-gauche, avait participé à la révolution de 1848 et avait été candidat à l’élection présidentielle.

[15] Changarnier avait été le candidat des légitimistes lors de l’élection présidentielle de décembre 1848.

[16] Rappelons que Thiers avait été plusieurs fois premier ministre de Louis Philippe.

[17] Rappelons que la garde nationale mobile avait été créée suite à la révolution de février 1848.

 
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