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Les mensonges de l'Histoire


Le chef gaulois élevé sur le pavois

Grâce à la bande dessinée Astérix, nous avons « appris » de nombreuses choses concernant les Gaulois et le monde romain : ces derniers portaient tous la moustache[1], taillaient des menhirs pour le commerce, avaient peur que « le ciel leur tombe sur la tête », possédaient tous des noms finissant en ix, Jules César s'est attaqué à l'Angleterre après avoir conquis la Gaule, le Colisée existait déjà en 50 avant Jésus-Christ, etc.

Tous ces anachronismes, volontaires ou non, sont néanmoins difficiles à discerner par le grand public. Ainsi, alors que l'on retrouve dans (presque) tous les albums de la série l'image du chef gaulois Abraracourcix élevé sur le pavois, l'on peut donc se demander s'il s'agit encore d'un anachronisme ou pas.

Cette tradition était-elle donc d'origine gauloise ou non ? Et quand fit-elle son apparition ?

Abraracourcix porté sur le pavois.

 

Voici ce qu'indique le Petit Robert (édition 1990) au mot « pavois » : (Pavays, 1337 ; de l'italien pavese « de Pavie », ville d'Italie). 1. Archéologie. Grand bouclier long, en usage surtout au XIV° et XV° siècles. (de l'usage des Francs consistant à faire monter le nouveau roi sur un bouclier) Elever, hisser quelqu'un sur le pavois : lui donner le pouvoir, le glorifier.

Cette définition nous indique, de prime abord, que cette coutume n'était pas gauloise. En effet, nous ne possédons aujourd'hui aucune source indiquant qu'un chef gaulois eut recours à ce rituel au cours de son règne. Au contraire, il semblerait que ce rituel soit plutôt d'origine franque.

 

Effectivement, cette pratique est attestée chez plusieurs souverains francs : Clovis, en 481, lors de son accession au trône ; Mérovée, devenu roi vers 450 et grand-père du précédent ; Pharamond, chef franc mythologique et ancêtre de Clovis[2]

Pharamon porté sur le pavois par les guerriers francs, par Pierre Henri REVOIL, 1845, musée national du château et des Trianons de Versailles.

A noter que dans les textes du VI° siècle, le terme employé est celui de « bouclier », le pavois étant une invention du bas Moyen Age.

L'élévation sur le pavois équivalait à un sacre, à une époque où cette cérémonie n'existait pas encore. En effet, les Francs étaient encore fidèles aux vieux mythes scandinaves, vénérant les dieux d'Asgard[3] (la cérémonie du sacre accompagné du rituel d'onction ne fut adoptée qu'en 751, lors du règne de Pépin le Bref[4]). Cependant, il ne s'agissait pas d'un geste de fidélité envers une dynastie (à une époque où la filiation par primogéniture mâle[5] n'était pas encore la norme), mais plutôt un symbole de force guerrière et d'autorité.

 

Pendant longtemps, les historiens pensèrent que la cérémonie de l'élévation sur le pavois, sans être une coutume exclusive aux Francs, était du moins d'origine germanique.

Cependant, il semblerait que l'élévation soit en réalité une tradition romaine, présente au sein des légions dès le IV° siècle (puis transmise indirectement aux auxiliaires germains). Ainsi, ce rite fut utilisé par de nombreux Empereurs, comme Julien l’Apostat[6] à Lutèce (Paris), en 360.

Julien l'Apostat, fin du IV° siècle, musée de Cluny, Paris.

Ce dernier, élevé non sur un pavois mais sur un scutum (le bouclier romain), fut alors acclamé par les légions romaines. Ce rituel, effectué sur un bouclier ovale, renvoyait directement aux cieux et au soleil, représentant l'élévation du chef vers la sphère divine.

A noter que la tradition du pavois subsista à Constantinople, capitale de l’Empire romain d’Orient, jusqu’au début du VII° siècle. A cette date, alors que les pouvoirs de l'Eglise étaient croissants (à l'est comme à l'ouest), la papauté ne pouvait plus accepter la cérémonie de l'élévation, d'ordre militaire et populaire, lui substituant celle du sacre, d'ordre religieux

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[1] En réalité, le port de la moustache est plutôt attesté chez les peuple germains du V° siècle. Les Gaulois étaient glabres, en général.

[2] En raison de sources lacunaires, la généalogie des Mérovingiens nous est très peu connue. Il en existe deux, l'une mythologique, l'autre historique, que nous avons présentées sur cette page.

[3] Pour en savoir plus sur la mythologie scandinave, cliquez ici.

[4] Pour en savoir plus sur le règne de Pépin le Bref, cliquez ici.

[5] La primogéniture mâle, appliquée en France à compter du XIV° siècle, prévoyait que seul le fils aîné du roi pouvait prétendre à la couronne. Les femmes étaient donc exclues de la succession, ne pouvant pas non plus transmettre le trône à leur fils aîné.

[6] De son vrai nom Claudius Flavius Iulianus. Elevé dans la religion chrétienne, il resta toutefois fidèle au paganisme, ce qui lui valut le surnom d’apostat (ce qui signifie « qui renie sa foi »). A noter qu’il fit de Lutèce (Paris) sa capitale.

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